Philippe Deléglise Claude-Hubert Tatot in Artistes de Genève, L'APAGE/édition notari,

Le portfolio N°36 de Philippe Deléglise composé de sept gravures au burin présente une suite de formes géométriques, sombres sur fonds clairs ou claires sur fonds sombres, reliées aux bord de la cuvette par un réseau de droites. Ces tracés structurent l’espace de la feuille, prolongent les axes de la figure principale ou la traversent pour rejoindre un point de concentration. Fonds, forme et lignes s’imbriquent et sont interdépendants. L’équilibre des valeurs et des contrastes entre les masses et les lignes ne permettent guère de privilégier l’un ou l’autre de ces éléments qui constituent un ensemble homogène où le regard circule.

Ces gravures s’apparentent à une installation (De temps en temps, 1977) composée d’un séchoir à linge dont les cordes se déployaient dans l’espace d’exposition pour venir s’accrocher aux murs. Elles sont aussi proches d’autres séries de peintures où des formes géométriques et colorées se distribuent et s’articulent à partir d’un point ou d’un axe focal. Partant de l’intérieur vers l’extérieur ou à l’inverse par le rabattement des bords vers un point donné, cette partition de l’espace nait toujours d’une règle préalable qui réduit les possibilités et ouvre aux variations. Ces plans directeurs peuvent clairement apparaître dans l’œuvre achevée ou rester sous-jacents.

Des oeuvres plus récentes sont réalisées en aquatinte à partir de figures de Chladni . Ces figures résultent de l’effet produit par la vibration d’une plaque de cuivre sur de la poudre de colophane répandue à sa surface. Motifs ondulatoires provenant d’un phénomène physique, ils forment un répertoire qui sert aussi de modèle pour le dessin et la peinture . Que la règle découle d’une expérimentation scientifique ou de décisions plus empiriques, les formes et les compositions sont toujours intimement liées au format du support. La couleur, plus subjective, souligne la fonction du plan comme source de l’image.

Comme en musique Philippe Deléglise développe le motif en thèmes et variations à partir d’une partition. Il met en évidence les différentes apparences possibles de lignes, de formes et de couleurs provenant pourtant de structures identiques. Cette démarche qui repose sur des procédures et des principes d’ordonnancement où les éléments plastiques découlent du choix d’un espace – volume de la pièce ou format du support – interroge la notion même de représentation dans une dimension métaphysique.